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Face à la g'Art

Le Grand Hôtel d'Orléans s'ouvre aux artistes et devient un espace d'expression artistique ouvert à tous, un carrefour de rencontres où se croisent les disciplines culturelles.

PossessionS intimeS.

PossessionS intimeS.

Nous avons décidé d'un commun accord d'exposer ses oeuvres.

Le thème était posé, comme un rideau de velours qui tombe tel un couperet à la fin de chaque acte, lourd de mystère, sur la scène d'un théâtre. Un rideau qui me prive, qui m'isole, qui s'impose comme une frontière obscure et infranchissable entre l'Artiste et moi.

C'est encore l'été. Il n'a rien amorcé. Le périple s'annonce. Il ne sait pas encore où il va l'emmener. Mais Il me parle en souriant du projet, de cette idée en friche, cette nébuleuse, qui croît en lui. J'y crois. Déjà j'imagine ce qu'il dessine, les contours, les personnages, les couleurs. Je vois ses mains, crispées, hésitantes, devenir plus souples, plus légères au fil des jours qui comblent son oeuvre. Le travail avance. Des pas lents, traînant parfois des pieds, trébuchant, shootant dans un pot de peinture pour exorciser la colère, et bousculant dangereusement le chevalet. L'oeuvre chancelle. Mais cette main violente qui la voulait à terre la secourt à présent. Cette main qui voulait tout casser, tout exterminer, tout gâcher se fait bienveillante et protectrice. Elle est guidée par l'esprit qui veut que l'idée sorte, s'exprime, s'exporte hors de lui. Il faut qu'elle jaillisse, grandisse. Qu'elle vive par elle-même. Que ces doigts-là lui donnent vie. Précisément. Impérieusement.

Le bras se délie comme une langue, s'allonge pour porter l'onde créative jusqu'à la main. Les doigts reprennent le pinceau, comme je prends la plume. Et il se remet à peindre l'Artiste.

Hier, il est passé. En coup de vent, dire bonjour et voir. Voir la lumière du jour qui inondera les oeuvres, celle plus timide et feutrée du soir, qui les habillera d'un voile, sourdine du temps. Il m'a dit " ce sera bien ".  Rassuré.

Je pense qu'il était rassuré de voir la maison qui allait accueillir pour la première fois ses oeuvres. Rassuré de voir qu'elles ne seraient pas en danger. Qu'on porterait,par-ici, un regard bienveillant, par-là, un avis amusé, et surtout que tous, vous, moi, et tous ces autres, nous pourrions nous rincer l'oeil à l'oeil. Nous offrir un morceau de culture, une page colorée, une parenthèse de partage. Un moment entre lui et vous. Car il est là, tout entier dans ses oeuvres. Il est là. A coeur ouvert. Quand vous croirez l'en déposséder, c'est un peu de lui que vous emporterez. Il est là : dans cette oeuvre qui sera un jour peut-être la vôtre.

A cObo et à son oeuvre.

 

Hélène ARGUEL

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